Pêche du bord en Martinique
En ce début d’année 2023 nous sommes partis découvrir la pêche sur une île voisine de la Guadeloupe : la Martinique. L’île aux fleurs est située un peu plus au sud de l’arc caribéen que l’île papillon, entre la Dominique et Sainte-Lucie. En une petite semaine et sans informations au préalable, ce fut assez bref et intense mais nous avons pu constater le beau potentiel de pêche qu’offre cet autre territoire ultramarin. Voici un compte rendu de notre séjour de pêche et du matériel que nous avons utilisé.
Découverte de la pêche du bord en Martinique
Tour d'horizon de la Martinique
L’île est de forme ovale. Au nord se trouve le point culminant : le fameux volcan appelé la montagne Pelée, qui culmine à près de 1400m d’altitude. Toute cette grande zone constitue la partie montagneuse et c’est ici aussi que l’on trouve la majeure partie de la forêt humide.
A l’instar de la Guadeloupe on distingue une “côte au vent”, à l’Est, battue par l’Alizé : le vent dominant des Antilles. Sur cette face, s’enchainent falaises et plages escarpées où les vagues viennent se briser avec plus ou moins d’intensité en fonction de la houle. Plus au Sud les reliefs terrestres se tassent, le littoral se transforme en une succession de baies, de pointes et d’anses plus ou moins grandes et l’eau côtière devient plus calme par endroit. Cela est dû à la présence, au large, d’un récif morcelé, qui protège en partie la côte en brisant la houle provenant du large.
L’extrémité Sud comporte une zone où le paysage grandiose prend des airs de Far Ouest américains avec des terres arides et des cactus à perte de vue (Savane des pétrifications).
En remontant sur la côte l’Ouest dite côte sous le vent, l’ambiance est moins sauvage et plus touristique. En prenant la direction de Fort-de-France nous observons une grande zone de mangrove. Fort-de-France, le chef-lieu de la Martinique est une agglomération très urbanisée, véritable cœur d’activité de l’île. Attention aux bouchons aux heures de pointe !
Au nord de la capitale les paysages paraissent semblables à ceux de la côte sous le vent Guadeloupéenne, les plages de sables noirs et galets s’enchainent et on y trouve de magnifiques embouchures de rivières qui se prennent leur source au cœur de la forêt humide.
Comment aborder la pêche du bord
Nous vous conseillons de louer un véhicule pour pêcher du bord en Martinique. En effet l’île est relativement grande et il faut souvent changer de spots pour trouver du poisson actif. Ensuite durant ce voyage nous avons emprunté des chemins de randonnées en littoral. Cela nous permettait d’avoir une base de zones à découvrir tout en ayant l’assurance d’avoir un accès à la mer. Car par endroit, (notamment en côte Est) il n’est pas forcément évident d’accéder directement au bord de l’eau.
Tout en marchant, lorsque nous n’avons aucune information, nous cherchons les signes qui nous permettent de savoir s’il existe potentiellement une activité aquatique. Notre premier indice, et celui qui est en général le plus fiable est la présence d’oiseaux de mer. Pélicans, frégates, sternes, vont par exemple nous indiquer la présence d’un banc de poissons fourrage pouvant attirer de jolis prédateurs.
Un jour alors que nous nous baladons sur une plage au sud de l’île nous observons trois pélicans plonger dans peu de fond, à quelques mètres du bord. Paul cible la zone avec une Shrimp 3″ de chez Fishup et accroche un beau poisson, un snook de très belle taille. La lutte dure de longues minutes. D’un ultime coup de tête, le poisson finit par se décrocher. Mauvais choix ce matin, nous étions partis pour débusquer du bonefish en faisant seulement suivre nos deux petites cannes légères Bone Voyage Salt Finesse BVS- 704ML et BVS-764M. Juste le temps de nous remettre de cette déception que c’est à mon tour de ferrer un gros snook, sur un Wizzle Shad en 3″ qui nous gratifie d’une superbe chandelle. Mais là encore, la limite du matériel nous prive d’une heureuse issue. Nous devons changer de montage pour résister aux râpes du prédateur. Ni une ni deux nous repartons à la voiture pour récupérer deux ensembles plus solides afin d’avoir une chance de combattre ces beaux spécimens. Nous nous armons de nos Bone Voyage 664H et 704XH mais malheureusement à notre retour, l’activité des poissons a complètement cessée. Les oiseaux sont posés et ne mangent plus. Nous pêchons un bon moment en passant plusieurs types de leurres car nous savons que les snooks sont forcément dans le coin, mais en vain. Effectivement ni les U-Shad en 4’ de chez Fish up montés sur une tête plombée ou un texan de chez Nogales ni le redoutable Debu nyoro de chez Jackson ne réussissent à les convaincre d’attaquer.
Souvent en marchant le long des bordures, au fond des baies ou le long des digues, nous distinguons des zones d’eaux troubles qui tranchent avec l’eau claire des Caraïbes. Comme si quelque chose fouillait les sédiments en soulevant un nuage. En Guadeloupe cela peut arriver quand des raies remuent la vase ou quand un banc de bonefish essaie de débusquer sa pitance dans le sable. Cependant en Martinique nous n’avons pas trouvé ce genre de zones. Du moins nous ne sommes pas parvenus à débusquer de bonefish. En revanche nous avons trouvé pas mal de baby tarpons et de snooks en prospectant des fonds de plage ou de baies salies par le vent et la décomposition d’algues, notamment sur la côte Est qui est largement battue par le vent. En effet en grattant dans ces zones avec une Shrimp montée sur un texan Nogales et plombé par une Grenade sinker de la même marque Paul met au sec un joli snook.
Les spots de pêche du bord en Martinique
Les embouchures de rivière
Sur la côte Nord-Ouest, une fois Fort-de-France dépassé, les reliefs et la végétation changent. Nous nous rapprochons de la forêt humide de Madinina et la présence du volcan se fait de plus en plus ressentir. Les plages se teintent de noir, se remplissent de galets et les montagnes se font plus imposantes. Là, nous nous sommes concentrés sur les embouchures de rivières. A ces endroits, notamment lorsque les rivières et ravines sont connectées à la mer (ce n’est pas forcément le cas toute l’année) cela apporte des nutriments, concentre des petits poissons et attire les prédateurs aux alentours. Ici aussi, lorsque nous nous arrêtons, nous prenons le temps d’observer. Y a-t-il des chasses ? Des oiseaux ? Des petits frétillements à la surface qui trahissent la présence d’un banc de fourrage. Un jour, alors que nous avons jeté notre dévolu sur une jolie petite plage de galets, nous observons une belle embouchure de rivière bien large où les vagues rencontrent le flux de cette dernière. La plage n’étant pas très grande nous décidons de la peigner, Paul avec un jerkbait de chez Jackson, Le meteora 110 et moi avec un leurre souple, le U-shad en 4’ (Fish Up). Nous commençons au niveau de la sortie de rivière puis nous nous éloignons petit à petit. Paul qui est devant moi, m’indique qu’un poisson vient de louper son leurre à deux reprises. Je passe juste après sur la même zone en prenant bien le temps de faire nager mon leurre souple, et voilà qu’un joli petit snook mord à l’hameçon !
Les tombants et zones rocheuses
C’est de ce côté de l’île que les eaux les plus profondes sont à portée de lancer. C’est le royaume du rockfishing. Avec un ensembe léger comme une canne Bone Saltfinesse et un petit ATC Virtuous en taille 2000, il y a de quoi s’amuser. Ces spots sont aussi parfaits pour pratiquer un peu de shorejigging avec les jigpara de chez majorcraft, ou pêcher au poisson nageur comme l’Artist HW de chez jackson et naviguer entre les blocs de roches détachés des falaises. Les poissons coraliens comme le mérou, poisson lézard, pagre, carangue sont présents en nombre et avec un peu de chance et si vous ciblez gros, vous pouvez croiser la route d’un joli thazard ou d’un beau barracuda.
La mangrove de Martinique
En Guadeloupe c’est l’une de nos pêches favorites, rentrer au plus profond de la mangrove pour débusquer les beaux petits pagres cachés dans les racines de palétuviers ou encore leurrer les babys tarpons qui roulent en plein milieu des dédales que forme ce magnifique écosystème. En louant un kayak, on a voulu voir si la mangrove martiniquaise est tout aussi fournie que celle de l’île papillon. Encore une fois les babys tarpons ont été nos sauveurs. Dans un petit chenal, ils étaient là, à rouler et à se jeter sur nos leurres. Un vrai festival de poissons aux grandes écailles qui ont fait notre bonheur et celui de promeneurs qui passaient devant nous en kayak et qui se demandaient bien quel était le nom de ce poisson argenté. Sur cette session un leurre s’est fait particulièrement remarquer. Les baby tarpons ne résistaient pas aux vibrations et aux pauses du lipless suspending de chez IMA le SP vibration 70. Ce type de leurre est un vrai atout. En effet les tarpons ont tendance à manger dans la couche d’eau supérieure, du fait de l’orientation de leur gueule vers le haut. Une proie planante est donc en grand danger face au petit diable argenté !
En résumé : Quel matériel prévoir pour pêcher du bord en Martinique ?
Pour faire simple, nous vous conseillons de partir avec deux cannes de la gamme Bone Voyage. Une gamme que nous éprouvons depuis 4 ans maintenant, que ce soit au quotidien ou en voyage, et qui n’a plus à faire ses preuves ! Une saltfinesse (ML ou M) et une un peu plus puissante comme la 734MH, la 664H ou la 704XH. Deux moulinets ATC (2000 + 4000) chacun garnis de tresse 8 brins, PE1 et PE 2.5 (gamme Dangan ou Varivas selon votre budget). Avec ces deux ensembles complémentaires, vous pouvez faire face à toutes les situations.
Pour les bas de ligne : du fluorocarbone 100% en 3 diamètres : 30, 50 et 70/100. 30 pour le « tout venant », 50 pour les zones encombrées ou pour les petits snooks et tarpons, et 70 lorsque vous trouvez une zone avec de beaux spécimens. Même références selon votre budget : Majorcraft ou Varivas.
En ce qui concerne les leurres souples, vous avez les références cités précédemment, vous pouvez aussi prendre ce qu’il vous fait envie dans d’autres marques : Bait Breath (TT Shad), Keitech… (Un leurre comme l’easy shaker armé d’un hameçon texan non lesté s’avère redoutable sur les tarpons qui rodent en bord de plage).
Pour les leurres durs, le choix aussi est vaste… Voici 3 références de leurres complémentaires : Jackson Artist HW, Ima Honey Trap et le Chihuahua 110 de chez Lunabait.
Notre séjour en Martinique fut court et assez intense. Nous avons vu du poisson mais avons manqué de réussite sur les gros spécimens. Il est difficile de faire un compte rendu pertinent en seulement sept jours mais cette belle île nous donne un goût de reviens-y. En effet nous pensons que le potentiel halieutique côtier est assez fort. Notamment pour la traque du snook. Il y a aussi pas mal de nouvelles zones que nous aimerions découvrir. Par exemple partir à la recherche du bonefish qui nous pensons est forcément présent dans les lagons. Et bien d’autres secrets que Madinina garde encore pour elle seule…
Écrit par Mr and Mrs Fish