Pêche de l’aspe en kayak
Comme chaque année, j’ai descendu la Loire en kayak sur quelques jours à la recherche des espèces présentes sur ce fleuve, et principalement de l’aspe. Ce cyprinidé originaire d’Europe centrale et orientale, au comportement plus que carnassier, est maintenant bien présent sur la Loire pour mon plus grand bonheur. La majorité du temps je recherche cette espèce du bord et parfois à vue, mais l’approche en kayak est différente et permet de solliciter d’autres poissons. Je vais vous exposer mon approche de cette pêche en embarcation (kayak ou float tube). Je ne détiens aucune vérité absolue, ce qui va suivre est seulement le fruit de mes observations personnelles.
Quelles approches possibles en kayak ?
Pêcher l’aspe en kayak présente de nombreux avantages. L’approche consiste à se laisser dériver à quelques mètres de la bordure pour prospecter en couvrant beaucoup de terrain. Le courant se charge de faire avancer l’embarcation à bonne vitesse, je n’ai qu’à gérer ma distance de la berge et éviter les obstacles car les arbres morts immergés sont nombreux. Le passage se fait donc en toute discrétion et il est possible d’approcher les aspes de très près, ils n’hésitent pas à attaquer le leurre à quelques centimètres de l’embarcation.
Une fois que le maniement du kayak est acquis, trois options de pêche s’offrent à nous. La première consiste à pêcher l’eau à l’aveugle en espérant que le leurre croise la route d’un aspe, cette technique fonctionne mais personnellement cela m’ennuie, je ne pratique pas cette méthode et je préfère les 2 autres approches.
La Loire là où je navigue est une suite de méandres, de grands virages qui se succèdent. Comme vous le savez sans doute, le passage de l’eau dans un virage creuse la berge sur le coté extérieur car c’est la que passe le courant le plus fort. On se retrouve donc avec l’extérieur du virage plus profond et jonché d’arbres morts et de branches partiellement enfouies dans le sable. L’intérieur du virage lui, est bien moins profond, parfois bordé de plantes comme la jussie, j’appelle ces zones plus calmes « les plages ».
Lorsque je suis le long d’une berge encombrée d’arbres et creusé par le courant, je pêche proche de la bordure. Je privilégie des lancés courts mais précis, le plus prêt possible des branches immergées. L’aspe qui n’est pas en phase d’activité se tient souvent collé juste derrière l’obstacle face au courant. Malgré qu’il ne soit pas en chasse il ne refusera pas une proie facile qui dévale le courant et passe tout prêt de lui. J’insiste sur l’importance de dévaler le courant, j’ai eu beaucoup plus de résultat en péchant vers l’amont que vers l’aval. Le leurre passe plus vite et l’aspe à moins le temps de réfléchir, il n’a qu’à sortir brièvement de son poste en s’aidant du courant pour s’en saisir. Attentions attaques explosives surprenantes car très proche de nous.
Cette configuration permettait donc de cibler des poissons inactifs, c’est le genre d’approche qui me sauve la pêche sur une journée de très forte chaleur. Mais généralement la bordure creuse finit par laisser place à des plages quand le méandre suivant apparait. Plutôt que de traverser le fleuve pour retrouver une berge profonde, je reste sur la même bordure. Je m’éloigne plus de la rive pour me mettre debout sur le kayak, cela demande un peu d’équilibre mais cela me permet d’avoir une grande visibilité sur ces plages peu profondes. C’est la que la pêche a vue commence. Les aspes en déplacement sur ces bancs de sables ou de graviers sont plus actifs et parfois même en pleine chasse. La seule chose qui compte c’est de repérer le poisson avant qu’il ne nous voit. Il faut être réactif et lui présenter le leurre rapidement. Cette fois le sens de passage a moins d’importance car le courant est plus faible et l’aspe est en recherche de proies potentielles donc il est beaucoup plus agressif.
Quel matériel utiliser pour cette pêche ?
Pour ce qui est de la canne, une puissance M ou ML est selon moi le plus adapté car il faut quand même extraire certains poissons des arbres. J’utilise les Days FLE de chez Major Craft, la 69 ML et la 70 M permettent de pêcher plus précis à courte distance, tandis que la 762 ML facilite les lancés à grande distance et permet donc également de pêcher du bord. Avec ceci, un moulinet en taille 2500 garnis de tresse en PE 1 fera très bien l’affaire.
Pour ce qui est des leurres j’ai fait le choix de pêcher presque exclusivement en surface, pour le côté visuel des attaques mais également pour mieux contrôler l’évolution de mon leurre et ne pas m’accrocher dans un arbre immergé au milieu d’un fort courant. J’affectionne particulièrement le Debu Nyoro de chez Jackson. C’est un stickbait coulant dont la réputation n’est plus à faire, qui me permet de prospecter efficacement en surface et de le laisser couler si besoin, sur un poisson à vue par exemple. Chez Zerek, le Trail Weaver sort clairement du lot de par sa petite taille, sa faible sonorité et sa facilité d’animation. Ce dernier m’aura valu une malheureuse casse sur un très gros aspe.
Merci pour votre lecture, je tiens malgré tout à vous alerter sur le coté risqué de cette approche. En effet la Loire est un fleuve imprévisible, l’Allier l’est encore plus. Avec un fort courant, un arbre immergé peu être difficile à éviter en kayak ou en float tube. Il faut parfois savoir renoncer à un spot magnifique pour préserver sa sécurité et son matériel, j’en ai déjà fais les frais, ne soyons pas trop gourmands.
Kace