Pêche de la truite en petite rivière
J’ai découvert l’année dernière la pêche de la truite dans des petites et moyennes rivières, et souhaite vous faire part de mon expérience dans cet article. Les pêches que je vais décrire par la suite sont donc adaptées à des milieux particuliers, le plus généralement encombrés, avec beaucoup de parties boisées. Ces rivières alternent courants forts et faibles, sont peu profondes (maximum 1m20), comportent quelques fosses et ne font pas plus de cinq mètres de large.
GENERALITES
Tout d’abord, quel que soit la pêche et le type de progression choisi, je préfère toujours remonter le cours d’eau afin d’éviter d’être vu par les truites qui sont postées face au courant. Ceci est particulièrement vrai pour des petites et moyennes rivières où l’on est plus facilement repérés par les poissons.
Depuis la berge, quand cela est possible, je privilégie les dérives en travers, trois quarts-amont et trois-quarts aval. Il m’arrive également de faire des lancers le long des berges creuses, où les poissons se postent à l’affut d’une proie, ou encore de descendre le leurre en stationnaire dans le courant en modifiant l’inclinaison de la canne pour jouer sur l’intensité des vibrations du leurre.
DU BORD OU EN WADING ?
La pêche du bord a l’avantage d’être plus discret car nous ne créons pas de vibrations dans l’eau qui pourraient faire fuir les truites.
Attention simplement au sens de progression et de rester le plus éloigné possible du bord.
De manière générale, si ce n’est pas indispensable, j’évite de pénétrer dans l’eau car les poissons sont très sensibles à l’onde provoquée par nos pas.
Le wading a le principal avantage de permettre de pêcher des zones non accessibles du bord et d’aborder le cours d’eau différemment dans des endroits avec berges encombrées.
Cette progression simplifie également les manipulations lors d’une prise. Ce poisson étant très fragile, il est recommandé de le manipuler et de le maintenir hors de l’eau le moins longtemps possible. La pêche en wading réduit grandement ces manipulations comparées à la pêche depuis la berge.
Dernier avantage que vous aurez, principalement en petite et moyenne rivière, surtout pour moi qui adore pêcher les arbres, il est possible d’aller chercher son leurre lors d’un mauvais lancer ! Très intéressant quand on connait le cout d’un poisson nageur 😉
AMONT OU AVAL ?
La pêche en amont est celle que je pratique le plus dans les rivières que je pêche.
Comme vous le savez, les truites se postent toujours face au courant tant pour lui résister que pour se nourrir. L’arrivée du leurre de l’amont vers l’aval est donc la présentation la plus naturelle pour elles. La truite va généralement happer le leurre lorsqu’il passe à proximité de son poste sans avoir réellement eu le temps de l’examiner, quitte à le recracher lorsqu’elle se rend compte de l’erreur.
Le ferrage dans cette situation est le plus souvent efficace puisque le leurre progresse vite et que le ferrage est généralement effectué en sens inverse de l’attaque.
L’autre avantage réside dans la discrétion. D’une part nous prospectons une zone où la truite ne peut nous voir et ne nous a pas vu si nous progressons de l’aval vers l’amont, exception faite si elle fait demi-tour pour suivre le leurre. D’autre part, lors d’une prise, les perturbations provoquées par le poisson qui se débat n’impacteront que la partie aval et pas la partie amont, non encore pêchée.
La pêche en aval permet de présenter un leurre plus lentement et avec davantage d’insistance sur des postes, le long des berges ou encore sur des dérives naturelles. Cette pêche peut être particulièrement intéressante à l’ouverture, lorsque les eaux sont encore froides et que les truites sont peu actives et collées au fond.
La pêche aval est également utile lorsqu’une pêche en amont présente trop de contraintes. Par exemple, avec de forts courants, pêcher en amont peut nécessiter une récupération trop rapide pour avoir une présentation correcte du leurre et l’éviter d’être plaqué au fond.
Les zones très peu profondes sont également concernées car elles nécessitent de pêcher trop vite pour véritablement exploiter le spot, notamment lorsqu’il s’agit d’un fond plein d’herbes où se cachent souvent les poissons.
Enfin, les milieux encombrés sont intéressants à pêcher en aval car nous avons une meilleure maitrise de la direction que prend le leurre qu’en amont, ce qui nous permet de plus aisément éviter les obstacles.
Quel Matériel ?
Pour les endroits encombrés, la canne doit être courte, d’autant plus dans des petites rivières où il n’est pas nécessaire d’atteindre de grandes distances de lancer. La canne doit être d’action rapide mais avec un scion suffisamment souple pour amortir les coups de tête des truites, éviter les décrochés, et propulser efficacement les petits leurres.
J’utilise pour ma part la Troutino FLE de chez Major Craft qui est juste géniale de par sa nervosité, sa sensibilité et sa maniabilité (et en plus elle est vraiment classe). J’ai utilisé le modèle UL ayant une puissance de 1-8g et une longueur de 1,67m. Elle garde même une bonne réserve de puissance pour sortir des plus gros gabarits. J’ai ainsi pu sortir un poisson de 46cm sans aucune difficulté ! (voir ci-dessus)
Mon chéri lui utilise la version casting, une light en 2-10g ayant la même longueur que l’UL. Pour info cette version en spinning mesure 20cm de plus, et vous avez également à la gamme deux médium Light spinning.
Le moulinet doit quant à lui avoir un fort ratio, car la récupération nécessite d’être rapide lors des pêches en amont.
En effet, le leurre doit progresser plus vite que le courant afin d’assurer une animation de qualité, d’éviter que le leurre ne se retrouve collé au fond, et de réduire les pertes de contact ponctuelles, pouvant résulter en un ferrage loupé.
Autre point d’importance et nécessité absolue pour la pêche de la truite, qui est, comme vous le savez, un poisson fragile : une épuisette !
Cela permet de les garder moins longtemps hors de l’eau, d’éviter de les trainer sur le bord et de les laisser récupérer entre le décrochage et la photo. De plus cela vous évitera quelques décrochées !
Je change systématiquement tous mes triples par des hameçons simples. Ceci est d’autant plus important dans les petits milieux, ayant le plus généralement des poissons de plus petits gabarits. Un triple a alors vite fait de se planter dans un œil ou une ouie, ou un de vos doigts…
J’utilise pour ma part les ME-31bl qui sont spécialement conçus pour remplacer les hameçons triples des poissons nageurs de 4cm jusqu’à 7cm. Ils sont en acier high carbon moyen de fer, possèdent un large oeillet et sont dotés d’une pointe ultra piquante sans ardillons.
QUELS LEURRES ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’en présence de courant, et plus particulièrement lors de pêches amont, il est nécessaire d’avoir des leurres denses. Il faut en effet qu’ils soient suffisamment lourd pour s’enfoncer rapidement dans la couche d’eau et qu’ils offrent en contrepartie peu de surface aux turbulences du courant. Ceci est d’autant plus vrai que le courant est plus fort en surface qu’au fond ou proche des obstacles. Autre nécessité sur les leurres en petite rivière, ils doivent se mettre en action dès le début de récupération, au premier tour de manivelle, car les distances de lancers sont très courtes.
Durant la saison dernière, j’ai principalement pêché aux leurres durs et métalliques, c’est donc uniquement ces leurres que je décrirai ici.
Tout d’abord nous avons la gamme des poissons nageurs. J’utilise principalement des jerkbait minnows sinking aillant une taille comprise entre 4 et 6 cm. L’avantage des leurres coulants en rivière est que leur inertie permet de tenir le courant tandis qu’un poisson nageur classique serait balayé par ce dernier. Sa densité permet également de lancer bien plus précisément, ce qui n’est pas négligeable dans des milieux encombrés. Je les anime principalement en twitchs ou en linéaire en ramenant rapidement lors de pêches en amont.
Nous avons principalement pêché à l’Artist 55 et Meteora 52 de chez Jackson, ainsi qu’avec l’Issen 45 d’Ima.
La cuillère ondulante s’est également révélée être très efficace dans mes cours d’eau. L’animation de base est le linéaire, en jouant sur la vitesse de récupération selon le milieu et la forme de la cuillère. Elles sont également intéressantes pour pêcher des fosses, car elles vont avoir un papillonnement très attrayant lorsqu’on les laisse couler.
Pour donner des exemples, j’ai beaucoup utilisé les Miu de chez Forest de 3.5 et 4.2g. Elles ont l’avantage d’être assez dense et de bien se tenir dans le courant, tandis que leur taille reste réduite (3.1cm). Dans la même marque j’ai également beaucoup utilisé la Marshall, qui a une forme très allongée et a donc une action très différente. Elle est notamment assez intéressante pour pêcher en aval.
Enfin, il y a la cuillère tournante qui est pour moi le sauve bredouille. J’utilise principalement la Londo (3 et 5g) de chez Forest et le Buggy Spinner de chez Jackson. Je ne la sort en général que très rarement, lorsque je n’ai pas réussi à déclencher de truite au poisson nageur et à l’ondulante. Les cuillères tournantes ont l’avantage d’être très simples d’utilisation et sont d’ailleurs souvent recommandées aux débutants qui souhaitent pêcher la truite au leurre.
L’année dernière j’ai utilisé pour ma part la Buggy Spinner de chez Jackson. Elle a l’avantage d’être assez dense et d’être de taille adaptée pour mes petites rivières.
CONCLUSION
Voici donc mon expérience sur la pêche de la truite dans de petits milieux. On y fait rarement de gros poissons, mais si l’on s’y prend bien et que l’on tombe sur un bon jour, le nombre de poissons peut être assez élevé ! Je me suis donc bien amusée et compte bien réitérer cette année, avec pour objectif d’améliorer ma technique. Je vais notamment me mettre à exploiter les leurres souples qui sont connus pour être très efficaces en rivière. Rendez-vous donc prochainement avec mes conclusions.